Ces végétaux feuilles et fleurs, que l’on dit préservés, durables, stabilisés…Permanents!

Photo @SecondFlor
Dans un article précédent je vous racontais un peu l’évolution des fleurs décoratives, non « fraîches » qui résistent aux outrages du temps. Des plantes et fleurs qui peuvent conserver un aspect frais et colorés même après plusieurs mois. Plusieurs sortes en lisses: artificielles, séchées ou les petites dernières dites « permanentes ». Plus exactement stabilisées.
A la vue, au toucher…elles peuvent tromper certains de nos sens. Leur procédé de conservation nous offre une apparence de fraîcheur. Hélas sans le parfum. Le spécialiste propose des effluves de roses en flacon, dont je vous en parlerai lorsque je l’aurai testé. Ces végétaux dénommés « permanents » sont le luxe suprême! Magie? Oui et non, entre la chimie et la nature des procédés « presque » naturels.



Quelques précisons sur ces nouvelles techniques de conservation.
Il est important de dissocier 2 processus de conservation végétale : La stabilisation et la préservation végétale.
La stabilisation s’opère à partir de végétaux vivants. Cette technique permet de figer la plante dans son état de fraîcheur après récolte. À contrario, la préservation de végétaux se fait à partir de végétaux séchés. Ce procédé permet de réhydrater le végétal. La stabilisation végétale est la technique la plus fiable dans le temps. Elle est aussi plus coûteuse car plus risquée.
Stabilisation par capillarité, plus particulièrement pour les feuillages
C’est la technique de stabilisation originelle, celle que je pratique pour nombreuses variétés des feuillages que j’emploie!
Le pied de la plante encore fraîche est mis à tremper dans 5 cm de solution de stabilisation. Cette solution est à base de glycérine végétale, d’eau, de colorant alimentaire et de nutriments. La glycérine permet de retenir l’eau à l’intérieur de la plante et le colorant alimentaire permet d’obtenir la couleur souhaitée. Les nutriments servent à nourrir la plante durant le processus de stabilisation qui dure quelques jours. Après avoir absorbé cette sève de substitution, la plante ainsi stabilisée est mise à sécher durant 24h.
Chaque espèce végétale à ses spécificités!
La température de la solution de stabilisation, la durée d’absorption, la période de récolte ou encore les nutriments utilisés sont autant de facteurs qui assurent la réussite de stabilisation pour chaque espèce. Cette technique, considérée comme la plus noble, permet notamment l’obtention de couleurs inédites de feuillages, tout en conservant la couleur naturelle des branches et des tiges. En effet, généralement plus épaisses, elles ne laissent pas les colorants circuler jusqu’à leur surface.
La stabilisation par capillarité est également utilisée pour certaines fleurs comme le, limonium, le statice dont il suffit de stabiliser la tige, les fleurs étant naturellement sèches.

Stabilisation par double immersion, indispensable pour les fleurs
C’est la technique la plus répandue pour la stabilisation des fleurs. Les fleurs doivent être extra fraîches pour que la stabilisation soit réussie. Certaines variétés de fleurs sont idéales pour ce type de stabilisation. Cette technique consiste en deux étapes d’immersion. Le premier bain consiste à plonger la fleur durant 24h dans une solution d’alcool pur. Le but est de déshydrater la fleur tout en conservant sa forme d’origine. Lors de ce premier bain, elle perd également sa couleur d’origine.
Le second bain est constitué d’alcool, de propylène-glycol, de glycérine et de colorants alimentaires. Le propylène-glycol et la glycérine, sous l’effet catalyseur de l’alcool, se chargent de réhydrater la fleur. Les colorants alimentaires lui donnent la couleur souhaitée. Les têtes de fleurs sont stabilisées sans leurs tiges car ces dernières prendraient alors la couleur de la fleur.

Préservation par simple immersion pour les mousses et lichen
Contrairement aux techniques de stabilisation, la préservation par immersion est pratiquée sur des végétaux séchés. Le procédé consiste à plonger la plante dans une solution de préservation à base de glycérine végétale, d’eau et de colorants alimentaires afin de la réhydrater.
Cette solution doit être préalablement chauffée au delà de 40°C minimum. Le processus lui confère alors une nouvelle souplesse et la couleur souhaitée. Une fois sortie du bain, ces végétaux sont nettoyés puis séchés. Le temps de séchage peut fortement varier d’une espèce à l’autre, selon la nature plus ou moins spongieuse et/ou la porosité du végétal concerné.
Cette technique, moins onéreuse et risquée, reste cependant bien moins fiable dans le temps. La qualité de conservation obtenue par cette méthode n’est pas comparable avec celles obtenues par les techniques de stabilisation.

Dans le cas des mousses, cette technique est la seule fiable et valable mais demande des temps de séchage qui peuvent sensiblement augmenter les coûts de production. Indispensable pour réaliser des tableaux et autres œuvres murales.
Le lichen est lui immergé dans une solution saline. Cela présente l’avantage d’être non inflammable (contrairement à la glycérine) et naturellement traité contre les insectes. Par contre, il sèche en dessous de 40% d’humidité dans l’air. La stabilisation du lichen au sel permet d’en faire le végétal le plus fiable de tous les végétaux préservés.

Préservation par pulvérisation
Cette technique est sensiblement identique à la préservation par immersion. Elle est également utilisée sur une matière végétale sèche et souvent plate. Elle consiste à pulvériser directement sur le végétal une solution de préservation à base de glycérine végétale, d’eau et de colorants alimentaires afin de le réhydrater en surface. C’est le cas notamment pour la mousse plate et mousse boule pour laquelle ce procédé est couramment utilisé. Le processus lui confère alors une nouvelle souplesse de surface et la couleur souhaitée. Une fois pulvérisés, ces végétaux sont séchés uniquement. Le temps de séchage est ici bien plus court qu’avec une immersion totale.
Cette technique est à la fois moins onéreuse et moins risquée que la précédente mais possède les mêmes problématiques de fiabilité dans le temps. La qualité de conservation obtenue par cette méthode n’est pas comparable avec celles obtenues par les techniques de stabilisation.



Idéale pour créer de l’émotion floral les jours de mariage. Floraison d’accessoires pour les mariées, ses demoiselles d’honneur et le cortège. Ils deviennent de vrais bijoux floraux.
Techniques mixtes
Certains végétaux peuvent être stabilisés en combinant plusieurs techniques:
-On peut par exemple concevoir de déshydrater la plante dans un bain alcoolique et la réhydrater dans un bain de glycérine chaude sans catalyseur ni propylène glycol.
-On peut également immerger un végétal frais en considérant qu’il pourra tout de même absorber la glycérine par capillarité dans le bain. Il n’est pas rare d’enchaîner une stabilisation par capillarité avec une immersion pour fiabiliser la couleur extérieure.
-On peut également assurer la tenue du végétal en stabilisant par capillarité puis donner la couleur par immersion. De nouvelles techniques de stabilisation innovantes sont en cours de développement. Certaines, comme à base de CO2 sous pression, offrent la possibilité de stabiliser de nouvelles espèces. Elles permettent surtout de réduire le temps nécessaire à la stabilisation des fleurs et des plantes.
La stabilisation végétale n’en est qu’à ses débuts. Les connaissances et les techniques dans le domaine sont en constante évolution.
Merci à l’entreprise @Second Flor » spécialiste de cette technique pour ces explications détaillées et à qui j’ai emprunté aussi certaines photos de leur site (réservé aux professionnels!)

photo @SecondFlor
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