Parfois les fleurs de belles compositions, travaillées avec talent, peuvent tromper nos perceptions. Regardez y bien de plus près.
Vraies ou fausses? Lesquelles sont naturelles?
Lorsque j’ai débuté ma carrière de fleuriste nous avions le choix d’utiliser, selon leur destination, des fleurs fraîches, des fleurs séchées (peu de variétés à cette époque) toutes deux naturelles et des fleurs « artificielles » le plus souvent en soie ou en tergal.

Les premières étaient destinées aux évènements familiaux: mariages, communions, baptêmes, anniversaire et enterrements... Ces fêtes de famille étaient fleurit avec de « vraies » fleurs comme disaient les clients!
Les fleurs séchées pour les petits cadeaux achetées par les personnes d’un age avancée,souvent assortis de contenants en argent, porcelaine et paniers de toutes sortes. Elles ont peu à peu désertées nos magasins, puis disparut pendant une vingtaine d’années, pour revenir en force depuis 2 ans avec des nouvelles utilisations portées par les jeunes générations (couronnes de demoiselles d’honneur, couronnes de Noël, attrapes rêves…)

Les plantes artificielles ont envahies le marché de la production artificielle, réservées plutôt aux hall d’hôtels, aux bureaux, aux banques, aux administrations…aux terrasses et aux cimetières! Sans entretien elles offrent un cadre de verdure « trompeur » mais apaisant, un facsimilé de nature pour bureaux sombres!

Cependant, de belles factures, aux finitions soignées, les fleurs « en soie » onéreuses ont toujours des amateurs, le plus souvent destinées à la haute couture, de très belle qualité, quasiment impossible de soupçonner (sans les toucher) que ces fleurs, feuillages, fruits, sont « faux ». Les plus beaux spécimens étaient (et sont encore souvent) découpés, façonnés, confectionnés, gaufrés, repassés, roulottés, montés, cousus de A à Z en France, entièrement à la main, pétales par pétales, feuilles par feuilles. Un travail d’ artisans de hauts niveaux qui apprécient les matières précieuses comme le pongée de soie,le shantung…et même des plumes, ne dit -on pas dans le langage commun des « fleurs en soie ». Ces fleurs et feuillages délicats trompent facilement nos perceptions premières.

Mais peu, très peu, sont encore fabriquées en France! Les Pays du continent asiatique se sont emparés du marché. C’est la mort de notre magnifique « industrie artisanale française ».
Peu, très peu, de ces fleurs somptueuses sont encore fabriquées, confectionnés dans de belles matières avec une infinie patience, un doigté précis, une immense dextérité par nos « petites mains ». L’Asie à petit à petit remplacé par des tonnes de fournitures à bas prix, nos merveilles d’antan. Les derniers magasins qui osent encore vendre des fleurs « artificielles » ne proposent que du très bas de gamme. Nos fournisseurs aussi perdent à leur tour cette diversité, de fleurs et feuillages, cette qualité bien française qui nous permettaient de proposer de belle décorations florales pérennes pour des occasions exceptionnelles! Envahit, par les produits venus de loin, nous n’avons pas gagné au change.

Certes, beaucoup moins chères, les fleurs (les feuillages surtout) sont devenues moches, aux couleurs criardes ou délavées, mal finis sans aucun attrait, surtout pour nous fleuristes qui aimons les belles matières! La plupart sont vendues à l’occasion de La Toussaint pour poser sur les tombes! Avec un peu de savoir faire en sachant les choisir, elles peuvent néanmoins trouver leu place dans des décorations et accessoires à des prix raisonnables. Certes il reste quelques belles boutiques qui vendent de très belles fleurs , mais la rareté, le coût des matières et les taux horaires européens (normaux!) de cette main d’œuvre très pointue, qualifiée, amoureuse du travail bien fait, ont fait explosé les prix et quasiment aucun de nous ne peut encore acheter de ces fournitures et encore moins avoir assez de clients fortunés à qui les vendre. Ces fournitures sont désormais réservées et surtout utilisés par la haute couture ou dans certains mariages pour « donner du volume », mélangé à des fleurs naturelles, elles sont louées, servent plusieurs fois…et deviennent ainsi « rentables » à acheter.
Notre profession s’adapte en permanence, en recherche de nouvelles techniques, de nouveaux produits!
Une ère nouvelle de végétaux dits « permanents » apparaissait alors dans les années 85/90. Ni sec, ni frais, ce nouveau produit donnait une sensation de fraîcheur.

En 1988 j’ouvrais ma première boutique à Ustaritz et je m’étais prise de passion pour ces fleurs. Mes préférés, les hortensias aux couleurs sublimes allant du jaune safrané au bleu turquoise en passant par le vert émeraude. Blanc immaculé, bleu ciel, rose dragée, corail, pêche...j’étais étourdi par tant de teintes toutes plus somptueuses les unes que les autres et leur souplesse! Même chères, ces fleurs m’attirait, me donnait des idées…je créais donc avec elles!
Elles résistent au temps, mais, détestent la lumière et l’humidité! On les dit « stabilisées ». Attention, à NE pas les confondre, avec les fleurs artificielles qui elles NE sont absolument pas naturelles (en tergal, tissu plus ou moins de bonnes qualités voir en plastique!) même si certaines sont confectionnées parfois avec des matériaux « vrais ». Fleurs dont les pétales sont reconstituées en bois .
Les végétaux permanents sont eux « réalisés » à partir de vraies plantes, fleurs et petits fruits . Par immersion ou absorption d’un mélange (top secret),elles conservent ainsi leur souplesse et une sensation au toucher similaire à celui qu’ils avaient lorsqu’ils étaient encore « vraiment » vivants.

Trente ans ont passés et je redécouvre, sous d’autres marques des produits exceptionnels! Certes je ne travaille plus de la même façon, mais je leur ai trouvé d’autres destinations! Déjà dans les années 2000 on voyaient poindre le bout des pétales de ces roses permanentes aux couleurs éclatantes, surtout pour la St Valentin; elles avaient déjà une place de choix dans ma boutique de Biarritz et celle de mes confrères! Aujourd’hui loin des 2 ou 3 couleurs proposées à l’époque (rouge, orange, blanc) il y a près de 20ans c’est aujourd’hui un festival de coloris, déclinés dans de nombreuses tailles, de nouvelles variétés. L’Hortensia toujours mais aussi des roses traditionnelles ou sauvages (plus plates), des dahlias, des mini chrysanthème délicats, des feuillages variés. Les roses sont vendues dans différentes tailles, de la mini de quelques centimètres de diamètre à une géante composée de plusieurs complices assemblées en une seule tige! L’effet est bluffant.




Peut être en avez vous vu constituant les robes de mes poupées décoratives, appelées « demoiselles« , de mes « danseuses » en tenue d’apparat ou de gymnastes à la jambe légère. L’ hortensia, lui préfère accompagner les couronnes gracieuses des cheveux des jeunes filles, de cortège ou des mariées sages! C’est aussi une façon pour ces dernières de conserver un souvenir concret de leur couronne et de leur bouquet de mariée presque éternellement!

Si ces produits sont un peu plus onéreux, ils ont le méritent de rester intacts, tant en couleur qu’au toucher; se conservent très bien à l’abri de la lumière et de l’humidité. Bien malin celui qui en voit le subterfuge!
Alors ouvrez bien les yeux, désormais. Seconde partie plus technique sur les végétaux permanents dès vendredi…à bientôt!
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